Paysages intérieurs

Johan Leynaud pour l’exposition Frondaison

L’intime traverse le travail de Carole Collaudin. Elle explore cet espace intérieur et nous ramène de ses voyages des spécimens et des images de paysages.

Fleurs, pétales, formes de bols ou de coquilles, vues de feuillages évoquant les abords d’eaux stagnantes, il semble que le travail de Carole Collaudin soit fortement marqué par des symboles dits « féminins ». Et la présence de signes tels que le cercle, la ligne et la croix ne semble pas contredire cette attirance symbolique pour certaines de ses oeuvres. 

Puis comme dans un miroir, dans une apparente continuité formelle, il s’opère un retournement.

Pour d’autres de ses oeuvres, nous ne sommes plus dans la représentation abstraite d’une forme primitive, mais nous voilà bel et bien face à la présentation concrète d’une forme originelle, animale, végétale et intime. Apparaît alors à nos yeux toute la richesse de son monde. Ce creux vibrant dans lequel les couches de feuillage se superposent en contre-jours, révélant une eau bouillonnante et brumeuse qui accueille et génère la vie. Comme des explorateurs d’un continent inconnu, nous découvrons des mamelons et des kystes, des champignons coraliens érectiles naissant de l’humus d’un tapis de pétales, des surfaces qui se courbent, se plissent et tourbillonnent en s’apaisant comme un nid. Le vivant surgit du sol et des parois, les natures s’additionnent, se parasitent, la mort se mêle à la vie, ce qui grandit se flétrit, et toujours, ce qui n’est plus change de forme et renaît.

Le vide et le vivant, lavis de feuillages et de branches, technique du Raku, le Japon n’est pas loin. Dans sa culture, dans sa philosophie zen. Mais l’artiste n’a pas traversé le Pacifique, et si elle navigue c’est sur son propre océan.

Entre symboles et sécrétions

Entre symboles et sécrétions, les créations de Carole Collaudin nous offrent à voir un développement de l’en-dedans.

Quand on voit la qualité de son travail, présenté ici de manière parcellaire et subtile, on ne peut qu’avoir envie de s’immerger dans le riche foisonnement de ses paysages intimes, et découvrir plus avant la singularité de son exotisme intérieur.

Johan Leynaud

Avril 2019