


























Lisières/Frontières/bords/Marches/Limites/Démarcation/décours
J’observe, craintif, la vaste clairière qui s’offre à mon regard, comme un piège, une dangereuse exposition, un aveuglant dévoilement.
Elle m’attire par sa clarté, son don du ciel.
La décision se fait attendre. Il n’y a pourtant qu’un pas à faire.
Basculement, VERTIGE…
Nous parvenons au terme d’un MOMENT de l’humanité.
Nous touchons aux limites, jusque-là invisibles.
Nous sommes sur le point d’attendre le bord d’une époque.
Contrairement à ce que nous annonçait Francis Fukuyama en 1992, l’Histoire ne fait peut-être que commencer. Cette Histoire n’est pas qu’une histoire parmi tant d’autres histoires, c’est l’histoire de l’humanité sortie (ou presque) de la bête et qui prend en main son avenir (à défaut de destin).
C’est (presque) aujourd’hui que commence l’Histoire, disons demain matin, disons dans un délai infime, disons « dans pas longtemps ».
Nous sommes sur la Frontière d’un événement, d’un avènement, qui montrera si nous sommes capables d’arracher le manche à balai, si bien tenu par la nature (l’Etre), dans sa délirante perfection, pour piloter à sa place dans un univers dont nous ne savons presque rien et que nous comprenons encore moins.
Quand viendra le Post-Humain
On pense aujourd’hui, qu’il y a sept millions d’années, une branche/espèce s’est dissociée de celle des singes pour aboutir au Sapiens, l’homme SAGE, dont nous sommes, visiteurs d’expositions artistiques, les dignes représentants.
Que restera t’il de ce précieux rameau dans sept millions d’années ?
L’humanité aura t’elle colonisé le système solaire ?
Aura t’elle migré vers les étoiles ? Sera t’elle maitresse des lois les plus solides de la physique pour s’élever hors matière ou s’évader de notre prison/univers ?
Aura t’elle organisé sa survie sur la Terre, avec une parcimonieuse humilité, pour perdurer au cœur d’un écosystème reconstitué ?
Aura t’elle disparue depuis longtemps, ne laissant que des traces bien vite effacées (même la muraille de chine ne résistera pas à 7 millions d’années)
Restera t’il d’elle des vestiges biologiques, des formes, des artefacts, des chimères, ayant rejoint les biotopes les plus variés ?
Verra t’on, reconnaitra t’on, devinera t’on des caractères que nous tenons pour exclusifs à notre espèce, associés aux formes biologiques les plus incongrues ?
Mais en posant cette question, une autre s’impose immédiatement : qui observera l’Etre avec cette pensée, cette conscience, et cette conscience d’être ?
Où sera la conscience qui fait de nous des humains ?
Aura t’elle été une clairière bien vite obstruée par l’entropie qui dévore tout ?
L’avenir de notre espèce est LA grande question de notre époque. Rien n’a de sens si nous ne la sauvons pas d’elle même et de sa condition. Jean-Luc ELIE